CMJN/H2O

CMJN/H2O

Un miroir d'eau

Bois, bâche pvc, eau, encre de chine noire

10,5 x 8 x 1,2m

et six vantaux de fenêtre colorés

5,5 x 1,4 m chacun

Acier, plexiglass coloré cyan, magenta et jaune

 

Les quatre premières lettre du titre C,M,J et N signifient Cyan, Magenta, Jaune et Noir qui sont les quatre couleurs couramment utilisées en impression. Les trois premières couleurs se retrouvent sur les vantaux dont les parties transparentes sont en plexiglas coloré alors que le noir est dilué dans l’eau teintée à l’encre de chine. Cette œuvre fait suite à RVB/H2O, une exposition présentée au Volume à Vern-sur-Seiche en 2017. Ces deux œuvres résultent de mon intérêt pour la composition de la lumière et notre perception des couleurs. Je m’interroge sur le fait que le langage nous déroute de la compréhension du système lumière/perception. Par convention vous pourriez dire « j’ai une voiture verte », mais en fait vous devez imaginer que votre voiture est recouverte d’une matière qui emprisonne toutes les fréquences colorées du spectre excepté le vert qu’elle vous réfléchit. Dites-vous que de toute façon les objets sont invisibles et la lumière aussi. La seule chose que perçoit notre œil est l’interaction des deux. Chaque filtre coloré contribue à modifier notre perception de l’espace, l’incidence de la lumière sur la matière.
Mon intérêt pour la lumière provient de mon expérience de photographe et le dispositif présent est assimilable à la morphologie d’une chambre photographique. Comme cette dernière, le volume de l’espace d’exposition peut être perçu comme une chambre percée d’un orifice par lequel entre la lumière et dont les murs révèlent celle-ci. Le miroir d’eau lui, pourrait rappeler les miroirs escamotables des appareils photo reflex. Les couleurs de la baie se reflètent dans celui-ci. Ce miroir d’eau noire a aussi pour particularité d’abaisser la luminosité de ce que nous voyons. Le reflet est plus sombre que la réalité regardée directement. Il fait référence à un outil en vogue à la fin du 19e siècle : Le miroir noir, dit miroir de Claude Lorrain qui permet de contempler les ciels ou les soleils couchant sans s’éblouir et de regarder le paysage en basse lumière. Enfin, j’ai ajouté un troisième et dernier élément à cette architecture, lié à l’optique : Un miroir parabolique est orienté de telle manière qu’il crée une projection des lumières colorées de la baie sur un recoin du bassin. De la dilution des couleurs dans l’eau, celui-ci appelle à une concentration du regard vers une image fabriquée. C’est une manière également de recentrer l’œuvre en un point, de fabriquer une perspective, un point de fuite en contrepoint du vaste espace/œuvre.

 

 

 

 

 

Exposition personelle à la Maréchalerie Centre d'art. École nationale supérieur d'architecture de Versaille