Machine de vision

Machine de vision. 2009
Bois et Miroirs
Fenêtre d'angle : 3,50 x 3,50 x 3,20 m - Fenêtre intérieur cuisine : 1,45 x 3,10 x 3,20 m - Fenêtre extérieur cuisine : 1,55 x 3,10 x 4,60 m
Exposition Murmures (16 mai, 31 octobre 2009)
à l’abbaye de Bon-Repos, Saint-Gelven (22)
Office Départemental de Développement Culturel de Côtes d’Armor et l’Association des Compagnons de l’abbaye de Bon-Repos

 

C’est la mise en espace de l’abbaye de Bon-Repos et une image qui ont inspiré le projet d’Edouard Sautai intitulé La machine de vision, réalisé à l’occasion d’une résidence.

Son projet in situ renvoie au principe cistercien d’implanter un monument dans un environnement en harmonie et en osmose avec lui, liant fonction et esthétique, ce qui lui donne toute sa force.
Par ailleurs une photographie aérienne noir et blanc de l’Abbaye datée de 1962 montre une ruine enserrant une forêt intérieure. Les espaces, inversés, se jouent du dedans et le dehors. Aujourd’hui, dans le site en restauration-reconstruction partielle, les salles encore sans toit sont des espaces mal définis, des intérieurs-extérieurs, de faux abris, instaurent le doute entre dedans-dehors. En circulant, on est troublé par la vue cadrée par les fenêtres sans huisseries. En traversant les ouvertures on découvre progressivement les salles qui se succèdent : de l’extérieur, les fenêtres découpent notre vision de l'intérieur que la lumière zénithale éclaire de façon inhabituelle ; à l’inverse, de l’intérieur on peut admirer les pentes des collines boisées à travers les cadres de pierre.

Prenant en compte cette perméabilité des murs, Edouard sautai fait rentrer l'extérieur à l'intérieur et réciproquement. Les cadres des fenêtres des salles d’angle non restaurées, sont équipés de constructions en bois comportant des miroirs. L’une, (dans la salle des hôtes), dévie les points de vue et fonctionne comme un périscope ; les autres autres (dans la cuisine), ménagent des tunnels qui prolongent les encadrements au-dehors ou au-dedans, laissant croire tantôt à une autre pièce au bout, tantôt traversent l’architecture laissant croire à un autre dehors. Le parcours de visite est par conséquent semé de trompe-l’œil.
L’enjeu est de créer des visions nouvelles pour modifier la perception spatiale et globale de l’architecture : ses contours rendus plus flous augmentent cette perméabilité avec le dehors. De plus, ces constructions imposantes redonnent au monument fragilisé sa puissance et son échelle.

Véronique Vauvrecy, Commissaire de l'exposition Murmures, mai 2009