La rémanence du passing-shot

Trois modules de construction. 2017
Trois modules de construction. 2017
Trois modules de construction. 2017
Trois modules de construction. 2017
Trois modules de construction. 2017
Trois modules de construction. 2017
Façade à balles. 2017
Façade à balles. 2017
Façade à balles. 2017
Façade à balles. 2017 (détail)
Maquette des trois modules
Maquette des trois modules
montage des trois modules
les trois modules en place

2016. Ivry-sur-Seine

Béton lasuré

deux façades: 5 x 8m et 2,5 x 9 m

trois modules: 3,1 x 5,5 x 6 m

Penser une œuvre pérenne pour l’espace public c’est avant tout avoir la chance d’ouvrir le dialogue avec un contexte particulier. Qu’il s’agisse de Hand made in Koréa une main monumentale qui protège, caresse mais prend à la fois le sol du parc de Séoul qui jouxte la base militaire américaine, ou de L’Albatros survolant l’ile Lincoln qui surplombe l’école Jules Verne de Vitry-sur-Seine la condition première est de prendre appui sur un milieu spécifique qui va contenir et porter l’œuvre mais aussi en être empreint jusqu’à même parfois en faire littéralement partie (Miroir. L’art dans les chapelles). D’ailleurs quoi de plus stimulant pour l’artiste de s’approprier l’espace au delà du périmètre de sa réelle intervention physique et de jeter le doute sur les limites de son action. L’œuvre La rémanence du passing-shot se faufile dans la trame de son lieu d’insertion pour en raconter les multiples temporalités ; depuis bien avant l’arrivée des pelleteuses des démolisseurs jusqu’à la livraison des bâtiments qui concorde avec la livraison de l’œuvre. Elle se nourrit à la fois de l’usage passé ; les terrains de tennis et des codes de construction des architectures aujourd’hui en place.

Au cours de la démolition, un élément déclencheur a tout de suite impulsé une composante de l’œuvre. Des balles de tennis éparses, perdues au cours des matchs puis libérées des recoins de la charpente ponctuaient les gravats. Tel un fil conducteur du temps, ces signaux mélangés aux déchets de démolition participaient d’une archéologie en devenir. Cette observation a déclenché le désir d’une performance collective qui consistait à lancer puis enterrer des balles de tennis dans les remblais du chantier de construction pour produire une trace, avec l’intension de laisser un message, de créer de l’archéologie pour les civilisations à venir. Ce projet non réalisé s’est transformé et c’est finalement dans les murs des façades en béton matricé que ces balles ressurgissent aujourd’hui en écho faisant le lien avec le passé du lieu.

L’autre partie de l’œuvre nait plus tard en observant le principe constructif du gros œuvre des deux bâtiments en cours de construction sur le site. Au cours des journées on installe d’abord les banches qui sont ensuite remplis de béton fluide. Le lendemain matin les murs solidifiés dans la nuit sont décoffrés. Et le cycle se poursuit chaque jour selon le même mode opératoire : Banchage, coulée, solidification, décoffrage... Ainsi ces parties rapportées successivement, assemblées constituent un tout dans lequel quelques éléments préfabriqués sont parfois intégrés. Trois modules de construction est issu de l’observation de ce principe. Ces trois éléments posé là, tels une sorte de « part en trop » d’un jeu de construction viennent s’associer aux « balles perdues » des façades. Mais ces morceaux oubliés, posés sur les pavés et regroupés en cercle désignent un endroit, un point/abri de rencontre au milieu de ce nouvel espace public ouvert et traversant. L’œuvre, dans un espace public de plus en plus dédié à nos déplacements nous propose de faire station pour souffler un peu et résister au tourbillon de la vie.

ES

Le projet artistique des tennis a été réalisé à l’initiative de Linkcity, avec la contribution des services de la ville d’Ivry-sur-Seine, de la galerie Fernand Leger, du cabinet d’architecture Censi-Jacquot et du maître d’œuvre Bouygues Construction.